Les chansons qui suivent sont, en principe, destinées à être mises en zizique. Si, d'aventure et par extraorindaire, un zizicien égaré en ces limbes, se sentait des vélléités, qu'il ne se gène surtout pas : qu'il contacte l'innocent qui anime ce site via le formulaire adéquat (comme Sheila)...
La dernière mode
Le coloris, la coupe,
Et comment s’affubler,
Tout ça sent l’entourloupe,
La raison saboulée.
Et c’est assez pénible
De voir plébiscités
Ces fats que nous exhibent
La vaine publicité
De leurs thuriféraires :
Leur Moi cyclothymique,
Les tétons faméliques,
Les carcans délétères.
Oh! Certes, c'est un débat,
Mais que du taffetas
On passe à du tartan,
Ou que pour faire brillant
On en arrive au strass,
Il demeure un écueil:
Oui, quels que soient nos choix,
On sait qu'on finira
revêtus d'un linceul,
Et puis du temps qui passe…
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Les estrangeois !
"Ah! Saint-Denis, Montjoie,
C'qu'y a comme estrangeois !
Moi passé le canton,
C'est muni d'un bâton
Que j'ose sortir le soir
Car je sais trop d'histoires
Ousque des indigènes
Nous tombent sur la couenne."
C'est là une rengaine, qui ainsi que la mer,
Est toujours, oui toujours: toujours recommencée.
Si son ressac charrie quelques trêves éphémères,
C'est pas demain la veille qu'elle aura renoncé !
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Labour, toujours labour !
Les soirs d'été, dans les blés murs,
Quoi donc qu'on voit, qui rode en quête
D'on ne sait quoi mais qui inquiète ?
Mais non voyons, pas un lémure,
Pas un renard ni un blaireau
Et pas non plus une affreuse goule :
Non, c'est le fils au gros Paulo,
Qui va chercher une nouvelle poule !
La libido à la cambrousse,
ça se joue dans les herbes rousses.
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Poème en grandes pompes
J'ai retenu une leçon
Pendant ce bel été d'azur :
Pour que vraiment le pied dure
Y faut pas mettre des sandales,
La sandale c'est un scandale !
Et j'ai appris sans façons
qu’en cuisant sous le soleil :
Pour préserver ses orteils,
Faut pas mettre d'espadrilles,
Les orteils, ben ça les vrille !
Pis j'ai compris autre chose,
Pendant qu'il faisait si beau :
Il faut pas mettre de sabots,
Pour les ch'villes c'est pas pratique :
ça leur fait comme des coups d'trique !
Bref j'ai tant et tant appris
Qu'on dirait qu'j'suis pris d'boisson,
Ou bien que j'ai la scoliose
Vu comment je me tortille.
Oui, passque pour plaire aux dames,
Pour qu'elles m'appellent "mon canard",
Maintenant je porte des palmes,
Et c'que j'ai mal aux panards !
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Pas froid aux aïeux !
Les vieux regardent les jeunes mais les jeunes courent vite,
et l’insolence rit des angoisses prostatiques!
Hélas, on sonne le glas, le glas oui des claouis,
penauds, fripés, patauds et pour tout dire meurtris
qui s'étiolent à conter quelque vague fleurette
plutôt que de sarcler, ou de faire des maquettes.
On hésite à admettre qu’au lieu du point de croix,
la matrone alanguie, coquette de surcroît
oublieuse éhontée de son statut d’ancêtre
confesse ses émois ailleurs que chez le prêtre.
Or c’est se fourvoyer, faire œuvre d’ineptie,
Des vieilles intimités supposer l’asepsie :
Et le bruit des béquilles, des déambulateurs,
Résonnant à la nuit le long des corridors
Annonce le claquement des gaines de maintien,
Et la renaissance des quéquettes qu’on soutient,
Et les soins à venir pour cause de glissades,
Les foulures, les plâtres, les tonnes de pommades :
Et on accusera, encor les canicules
De fatiguer nos vieux, quand tous nos vieux s’en…
Enfin, s’enlacent, quoi !
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Le pilier
Je vis ma vie de bar en bar,
Je suis le pote occasionnel
Des causeries de fins d' soirées,
Je hante aussi au hasard
Les cours d' immeubles et les ruelles :
Je suis le spectre des mal barrés.
Je suis pilier, voilà ma gloire
Je suis une fête à moi tout seul :
Je défile, je fais la fanfare :
Je fais marrer un tas d' guignols !
J' ai mon pied à terre au comptoir
D' où je commente l' actualité
D' ailleurs j' ai des entrées partout
Et de l' ONU jusqu' aux terroirs,
Je sais les complots, les secrets :
Je suis un spécialiste de tout !
Je suis pilier, voilà mon titre
Une sorte de prédicateur
Et je regarde au fond des litres
La France des consommateurs !
Je n' irai pas en Amérique,
Je verrai jamais la Tamise,
Ni n' tremperai mes pieds dans l'Gange
Mais dans mon verre je me fabrique
Mes propres gondoles à Venise :
Je suis le gondolier de la fange !
Je suis pilier, voilà ma croix :
J' peux pas m' éloigner d' ma barrique
Mon sacerdoce ne permet pas :
Car je me dois à mon public !
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L'amour marinière (2ème version)
L' une à son champ fut arrachée,
L' autre enlevée à son rocher :
Elles se découvrirent dans l' exil,
La frite et la moule nubile
Partagèrent la même palette
à l' arrière d' une camionnette :
Le tubercule conquit la moule
Et la prit dans l’odeur du fioul !
La moule était vraiment friponne
Et la frite un peu trop canaille
Elles firent l'amour à la nippone
Dans les effluves de poiscaille.
Ça tourna bientôt à l’orgie
Et un timide rouget rougit :
Y avait un parfum de scandale
À deux pas de la caisse centrale !
Mais les amants libidineux
S’attirèrent des regards haineux :
On les fourra dans un caddie
Entre deux bottes de radis,
Et on expédia la commande
Vers un resto d' la côte normande,
Mais la commande fit des ravages
En forniquant tout le voyage !
Enfin c' est dans la marinière
Sans faire davantage de manière
Qu on scella à la table huit
L' union de la moule et d' la frite :
On les noya dans du vin blanc,
Et comme dessert y avait du flan !
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Dans du fer blanc
Il était d'acier mon sourire,
Mes armes n'étaient pas forgées
Dans du fer blanc,
Mais la destinée d’un empire
Est de voir l’ héraldique figée
Dans du fer blanc !
J' étais artiste et mes statues
Étaient sculptées en quelque sorte
Dans du fer blanc,
Elles n' étaient pas de bronze vêtues
Car on moule les amours mortes
Dans du fer blanc !
Sacrifiant à mes certitudes,
Je compressais les mots doux
Dans du fer blanc
Et débordant de mansuétude,
Je faisais sertir des bijoux
Dans du fer blanc !
Peu m' importait les conséquences
Si je remisais les murmures
Dans du fer blanc
Mais je me rends à l' évidence :
Elle était taillée mon armure
Dans du fer blanc !
Pensant revivre en d’autres guerres
J’ai trinqué avec les soudards
Dans du fer blanc,
Mais constatant comme naguère
Qu’on fabriquait pas les pétards
Dans du fer blanc,
Qu’on allongeait très bien aussi
Les hommes en miettes dans les boîtes
De sapin blanc,
J’ai écouté mon cœur farci
S’éteindre dessous mes mains moites,
Et le ciel blanc.
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Un rocher
Stoïque en regard des saisons
Obstinée telle la rumeur
Heurtant doucement l’horizon
- Un peu en dessous de douze heures -
Une ombre informe où viennent battre
Bercées de fous, battues de houle
Des vagues de filets verdâtres :
Une masse que des pieds foulent,
Par grappes de cinq ou six pêcheurs
Comme bourreaux sur l’échafaud,
Comme autant de frères prêcheurs
Souillés pas l’incroyant gerfaut,
Lorsque l’emprise où sont ses flancs
S’est retirée et vogue au large,
Découvrant, blancs ou gris, des bancs
De sable qui prolongent la plage.
Une masse informe qui dure
Autant d’années qu’un moribond
Sans cesse au point de la rupture
- Oui, mais le cœur est encore bon ! -
Avec ses résidus d’étoupes
Dessous ses cent mille coquillages
Qui séduisirent les chaloupes,
Les bouteilles des vieux naufrages,
Emmitouflée dans son écume,
Ciselée à grands coups d’embruns,
Cette masse que le vent hume
De lendemains en lendemains,
Rigide comme un évêché,
Plus implacable qu’un pensum
Voit sur la grève s’échouer
Les rêves que le temps assomme...
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Les drapeaux (on n'est pas rendus!)
Je vais reprendre une bière
sous ce soleil démocrate
où la misère, quatre à quatre,
grimpe les marches de la colère,
et regarder passer les filles
dans cette brume où je m'éclipse
en attendant l'apocalypse
que les va-t-en-guerre balbutient.
Les drapeaux, même bien arrosés,
ça suffit-y à griser
le chaland moyen qui s'étiole
entre un comptoir et sa bagnole ?
Autant s'accouder à la fenêtre
pour mieux savourer la paresse
et ses danaïdes promesses
à grands coups de "ni dieu, ni maitre",
autant regarder dans la rue
défiler les idées qui votent,
et, d'entre elles, les plus patriotes
et les drapeaux qu'elles montent aux nues.
Les drapeaux, même bien arrosés,
ça suffit-y à rassasier
le chaland moyen qui s'agite
dans l'panier d'crabes nationaliste ?
Autant, autant ne pas s'en faire
en cet empire névralgique,
on a beau boire de l'utopique,
on ira faire un tour aux fers :
alors, installés à fond d'cale,
avec nos mains tendues en vain,
on pourra jouer les devins
et prévoir la prochaine escale :
même bien arrosés, les drapeaux,
ça n'pousse finalement pas bien haut,
et quand l'chaland prend sur la gueule
la hampe, ben mon vieux, il s'affole !
Mais c'est en général trop tard,
quand un drapeau bien arrosé
ressemble à une croix embrasée,
on devient tous nègres tôt où tard :
on apprendra à chanter l'blues
dans le quartet Dupont-Lajoie,
à trop croire qu'on avait le choix
dans le sud les urnes sentent la bouse !
Même nourris à la chair à canons,
un drapeau ça reste au fronton,
et quand l'chaland le met en berne
ailleurs qu'au fin fond d'une benne,
ben, mon vieux, on n'est pas rendu !
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C'EST MAT!
Cet oeil incrédule qui se fige,
écarquillé de tous ses doutes,
ce bourgeon mort-né sur sa tige,
sentant poindre enfin sa déroute :
une sombre histoire de fous
que cette vague reine itinérante,
chancelante dans le flou
d'une cavalcade abérrante,
Ce frémissement de la narine
jaugeant, tour à tour, l'inutile
et l'état des lieux de sa ruine,
trahit le verdict imbécile:
la faute à ce soldat grotesque
affalé comme un coup du sort,
contraire aux lois de soldatesque,
déjà soumis à son vainqueur,
Cette main déchue et qui plie,
enserrant son maigre butin,
moite et fébrile sous l'agonie,
aux doigts devenus incertains,
laissant s'approcher, téméraire,
sa soeur près de l'agonisant,
-mais les espoirs, d'eux-mêmes, s'enterrent
sous l' inventaire des gisants :
c'est mat !
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Paquita oune poquito
Dépouis lé temps qué paco
regardait passer Paquita
lé long des roues de Mexico,
où elle marchait à pétits pas,
les yeux dé Paco sé battaient
et lé plous fort avait lé droit
dé la regarder en premier,
la muy esplendida chica
qui proménait son panier
en aïllitant ses pétits bras
en avançant ses pétits pieds,
Paco sé répétait tout bas:
y'aime Paquita oune poquito, _
mais yé souis pas _courageoso,
yé peux pas louis dire dans l'oreille :
yé sais pas parler aux demoiselles !
Lé malhaureux sé tortourait,
il avait des maux d'estomac
et en magnyant ses tortillas,
Paco, lé pauvre, sé tortillait
pendant cé temps là, Paquita,
rencontrait sous oune sombrero
oune roméo dé cinéma,
imbécile mais grand et costaud
et Paco, lé pauvré Paco
fou de douleur, sé résigna
à être oune ennamorado
qui n'a pas dé chance ici bas
Y' aime Paquita oune poquito
mais Paquita n'aime pas Paco,
et yé peux pas louis dire à l'oreille :
yé sais pas parler aux demoiselles !
et en buvant sa téquilla,
Paco pleurait sur son destin :
un soir qu'il disait: "ah! là ! là !"
en torturant ses intestins,
oune yolie fille fit l'premier pas
et lui murmura "yé vous aime !
Yé vous aime mais vous l'savez pas,
dépouis des yours et des semaines !"
Paco, lé pauvre, fut tout sourpris,
et regarda la yolie fille,
oune yolie fille qué se llama
dou yoli prénom dé Maria...
y'aime Paquita oune poquito
mais yé souis pas estupido :
y faut qué yé mé fasse oune raizonne,
yé vais quand même pas rater oune occazione!
Alors Paco sé maria
avec la yolie Maria
mais quand elle vit ça, Paquita,
soudain, ben, Paquita tiqua!
Car Paquita aimait Paco,
dépouis des yours et des semaines
mais comme lé malhaureux Paco
n'osait pas lui dire: "yé vous aime !"
et né regardait Paquita
qué quand elle né régardait pas,
Paquita, la pauvre, épousa,
cé Roméo dé cinéma !
Y'aime Paco, tanto mucho,
Paco es oune beau muchacho,
oune muchacho qué me gusta
mais yé sais pas parler aux gars...
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Les coquillages
De grain de sable en grain de sable,
les coquillages,
ça regarde passer les crabes,
les coquillages,
en rêvant de dev’nir poisson
et de nager vers l’horizon
Ca ne sort pas de sa coquille,
les coquillages,
c’est bien trop timide pour les filles,
les coquillages,
à la rigueur ça lève le verre
à la santé d’encore une bière
Ca reste amarré au comptoir,
les coquillages,
à siroter des idées noires,
les coquillages,
à la rigueur ça lève le coeur
pour regarder passer les heures
Parfois ça se laisse ramasser,
les coquillages,
ça se laisse mettre dans un panier,
les coquillages,
mais ça lève quand même la tête
pour regarder passer les mouettes,
Et de ressacs en marées basses,
les coquillages,
ça s’entiche de l’île d’en face,
les coquillages,
et ça compte sur le bout des algues
combien qu’il leur reste de vagues
à faire naufrage.
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Feignasse song
Moi mes lauriers sont bien modestes,
ils n'ont jamais poussé bien haut
mais pour ce qui est du confort
y a rien d'meilleur
à l'heure sacrée de la sieste,
quand il fait soif, quand il fait beau,
je me laisse tomber comme un sac
dans mon hamac.
Et quand les graines de l'effort
pointent leur nez dans leurs sillons,
je m'abstiens -j'suis pas jardinier-
de les biner :
j'appelle Morphée en renfort
et, à nous deux, nous combattons
l'horrible menace qui me guette
dans ma retraite.
Et j'avoue, toute honte bue,
que je m'installe autant qu'possible
à proximité de l'usine
ce qui chagrine
l es forçats d'l'effort continu
qui me traitent bêtement de nuisible :
qu'y puis-je si les voir travailler
ça m'fait bailler ?
Et je vis comme un milliardaire,
je suis plus riche qu'un Emir
car je possède en ce bas monde
des tas d'secondes.
Des tas d'secondes à ne rien faire
et rien en banque pour m'en servir,
alors je vis à moindre frais
sans trop d'regrets...
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Chanson de l’escargot de Bourgogne
Regardez-le passer, le fier et beau troupeau
Lorsqu’Octobre nous arrive, avec ses oripeaux,
Écoutez le doux chant, sous son manteau d’automne
Du peuple mystérieux des escargots d’Bourgogne.
Il nous arrive de loin, porteur de tant d’espoir,
En caravanes longues qui campent tout le soir
Et, Dieu ! Qu’il est mignon, l’orgueilleux p’tit bonhomme,
Pour un peu j’l’embrasserais, l’escargot de Bourgogne.
L’horizon qui s’enfuit, sous la lune qui revient
Fait les cœurs nostalgiques, et chacun se souvient
Du temps joli qu’était celui d’avant les hommes
Lorsque vivait en paix l’escargot de Bourgogne.
Mais il y a danger à vivre sous les salades
Et il lui faut reprendre la dure vie de nomade.
Alors, le souffle long du clairon sonne
L’heure du départ pour l'escargot de Bourgogne.
Et, vibrant à l’appel de nouvelles aventures,
Le convoi s’ébranle en un cliquetis d’armures.
Un peu las d’arpenter, il envie les cigognes,
Mais il est courageux, l’escargot de Bourgogne...
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Ballade des suffisants
Pour héros préférez, au doux nom de Bébert
Horace, Ruy kèkchose ou bien encor Roland.
Quant à la Muse il faut qu'elle exhale la myrrhe
Et, drapée de pétales, elle attise les sens
Car c’est susciter l'ire des cuistres Cerbère
Que d’oser bravement et d'un naïf allant
-Plutôt que de Césars, de Prophètes ou d' Émirs-
Conter feu les amours de vos grandes vacances!
Faites-vous donc abscons, et carrément grotesques :
Pour art poétique, donnez dans l'Union Libre .
L’effet est garanti et la critique vibre,
La moindre platitude a une allure dantesque !
C'est qu'à sa morgue il faut de plus nobles motifs :
Le cœur de quelque infante ou l'effroi d'un dandy :
Tout ce qu'on voudra bien, pourvu qu'y figurât
De l'université la pompeuse estampille !
Ô l'imparfait lettré, le scribouilleur fautif,
Qui, sans un régicide ou un crâne brandi,
Acheva une œuvre qui jamais n'augura
La moindre des saveurs et demeure broutille !
La syntaxe est triviale et le propos vulgaire
S'ils n'ont pour vocation de nourrir une glose :
Il faut être oublieux de jadis et naguère,
Ne plus se soucier d'aller voir si la rose…
Birbes homologués, tant d’Augustes bourriques
Qui vont, dodelinant une hure chenue,
Saouler d'exégèses Bardamu et Vingtras,
Manier Rabelais, certes avec des pincettes,
Transmuter la lecture en truc amphigourique
Qu'on martèle en chaire comme vérité nue :
" Ôtons bonnet rouge, poire et tout le fatras,
Bref du dictionnaire l'excédent qui l'infeste ! "
Est-elle gravée enfin, au fronton de leur huis,
Leur suffisance idoine: " qu'en cette heure, en ce jour
Le populo le sache l'élite pense à lui :
Qu'il s'abreuve d'eau rose, ça lui plaira toujours " ?
Et c'est avoir beau jeu, d' un élan suranné,
Qu' amalgamer le bruit des scansions de benêts
Éructant en gros plan, exhibant des pétoires
Et les trouvailles issues des jactances glanées
Aux étals des marchés, sur le zinc des comptoirs.
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LA RELEVE
En cet océan de l'ennui
grossi au ruisseau de nos doutes,
notre alambic s'épanouit
à distiller les dernières gouttes
de cette obsession prosélyte
jamais affranchie de ses mythes :
la relève !
Alors aux grands prés de l'angoisse,
s'en vient paître par habitude
cette négation de la poisse
des ovins de la certitude :
chacun machine dans sa chacune
en croyant décrocher la lune:
la relève !
Et dans ce piège de l'alcôve
où le rut entre en purgatoire,
on voit s'étioler de grands fauves
dans une savane de hasards,
quelque tumeur s'en vient mûrir
comme une sentence tout en sourire :
la relève !
Le temps peut bien faire son office
en alignant ses évidences,
rien ne conjure la matrice,
et ses oeillères tout en constance,
oubliant que vers l'horizon,
plane déjà une oraison :
la relève !